— Je ne vous abandonnerai pas… répondit la jeune fille. Je n’irai pas sans vous…
— Il le faut, Clary de Vaudreuil ! répondit Bridget. Et alors, lorsque vous serez en sûreté, mon fils viendra me chercher… Il me portera, lui, comme il a porté M. de Vaudreuil !
— Je vous en prie, essayez de marcher, madame Bridget ! »
Bridget parvint à se remettre debout. Mais elle ne faisait plus que se traîner. Cependant, toutes deux gagnèrent près d’un mille encore.
En ce moment, l’horizon s’éclairait d’une lueur, qui se levait à l’est dans la direction de Saint-Charles. Étaient-ce les premiers rayons de l’aube, et ne serait-il pas possible d’atteindre Maison-Close avant le jour ?
« Partez ! murmura Bridget… Partez, Clary de Vaudreuil !… Laissez-moi !…
— Ce n’est pas le jour… répondit Clary. Il est à peine quatre heures du matin… Ce doit être le reflet d’un incendie… »
Clary n’acheva pas sa phrase. La pensée lui vint comme à Bridget que Maison-Close était peut-être la proie des flammes, que l’asile de M. de Vaudreuil avait été découvert, que Jean et lui étaient prisonniers des soldats de Witherall, à moins qu’ils n’eussent trouvé la mort en se défendant !
Cette crainte provoqua chez Bridget un suprême effort d’énergie. Clary et elle, pressant le pas, parvinrent à se rapprocher de Saint-Charles.
La route formait coude en cet endroit, et c’est au delà de ce coude que s’élevait Maison-Close.
Clary et Bridget arrivèrent au tournant de la route.
Ce n’était pas Maison-Close qui brûlait, c’était une ferme, située sur la droite de la bourgade, et dont le ciel réverbérait les flammes à l’horizon.
« Là… c’est là ! » s’écria Bridget en montrant sa demeure d’une main tremblante.