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mon côté, je ferai particulièrement surveiller M. de Vaudreuil et ses amis, avec lesquels ce Jean-Sans-Nom a certainement des entrevues plus ou moins fréquentes. Tâchez de retrouver ses traces, n’importe par quel moyen. C’est le mandat dont le gouverneur général vous charge spécialement.

— Et il sera fidèlement rempli, répondit le chef de la maison Rip and Co. Je partirai dès demain.

— Nous approuvons d’avance, ajouta Gilbert Argall, tout ce que vous croirez devoir faire pour opérer la capture de ce dangereux partisan. Il nous le faut mort ou vif, avant qu’il puisse soulever la population franco-canadienne par sa présence. Vous êtes intelligent et zélé, Rip, vous l’avez prouvé, il y a une douzaine d’années, dans l’affaire Morgaz. Nous comptons de nouveau sur votre zèle et votre intelligence. Allez. »

Rip se préparait à partir, et il avait déjà fait quelques pas en arrière, lorsqu’il se ravisa.

« Puis-je soumettre une question à Votre Honneur ? dit-il en s’adressant au ministre.

— Une question ?…

— Oui, Votre Honneur, et il est nécessaire qu’elle soit résolue pour la régularité des écritures la bonne tenue des livres de la maison Rip and Co.

— Parlez, dit Gilbert Argall.

— La tête de Jean-Sans-Nom est-elle mise à prix ?

— Pas encore !

— Il faut qu’elle le soit, dit sir John Colborne.

— Elle l’est, répondit lord Gosford.

— Et à quel prix ?… demanda Rip.

— Quatre mille piastres[1].

— Elle en vaut six mille, répondit Rip. J’aurai des frais de déplacement, des débours pour renseignements spéciaux.

  1. La piastre en dollar vaut 5 francs 25 en Canada, et elle se subdivise en 100 cents, le cent équivalant à peu près un sou de la monnaie française.