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Cet homme, maître Nick venait de le reconnaître, et il s’écriait avec un accent où la surprise se mêlait à l’inquiétude :

« Monsieur Rip ! »


XIII
coups de fusil au dessert.


Le chef de la maison Rip and Co, cette fois, n’était pas suivi de son propre personnel.

Au dehors allaient et venaient une dizaine d’agents de Gilbert Argall, accompagnés d’une quarantaine de volontaires royaux, qui occupaient la principale entrée de la cour. Très probablement, la maison était cernée.

S’agissait-il donc d’une simple visite domiciliaire, ou était-ce une arrestation qui menaçait le chef de la famille Harcher ?

En tout cas, il avait fallu un motif d’une gravité exceptionnelle, pour que le ministre de la police eût jugé nécessaire d’envoyer une escouade aussi nombreuse à la ferme de Chipogan.

Au nom de Rip, prononcé par le notaire, M. et Mlle de Vaudreuil se sentirent terrifiés. Eux savaient que Jean-Sans-Nom était dans cette salle. Ils savaient que c’était plus particulièrement à Rip qu’avait été donné le mandat de diriger les recherches contre lui. Et que pouvaient-ils penser, sinon que Rip, ayant enfin découvert sa retraite, venait procéder à son arrestation ? Si Jean tombait entre les mains de Gilbert Argall, il était perdu.

Se contenant par un suprême effort de volonté, Jean n’avait même pas tressailli. C’est à peine si la pâleur de sa figure s’était accentuée. Aucun mouvement, même involontaire, n’avait pu le trahir. Et, pour-