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étaient interdits désormais. Sous l’influence d’idées religieuses, développées par l’amertume de sa situation, il avait voulu être prêtre, mais prêtre militant. Il était entré dans la congrégation des Sulpiciens, avec l’intention de soutenir par la parole les imprescriptibles droits de son pays. Une éloquence naturelle, surexcitée par le plus ardent patriotisme, attirait à lui les populations des bourgades et des campagnes. En ces derniers temps, son renom n’avait fait que grandir, et il était alors dans tout son éclat.

Jean, lui, s’était jeté dans le mouvement réformiste, non plus par la parole, mais par les actes.

Bien que la rébellion n’eût pas mieux abouti en 1831 qu’en 1835, sa réputation n’en avait pas été amoindrie. Dans les masses, on le considérait comme le chef mystérieux des Fils de la liberté. Il n’apparaissait qu’à l’heure où il fallait donner de sa personne, et disparaissait ensuite pour reprendre son œuvre. On sait à quelle haute place il était arrivé dans le parti de l’opposition libérale. Il semblait que la cause de l’indépendance fût dans les mains d’un seul homme, ce Jean-Sans-Nom, ainsi qu’il s’appelait lui-même, et c’est de lui seul que les patriotes attendaient le signal d’une nouvelle insurrection.

L’heure était proche. Toutefois, avant de se jeter dans cette tentative, Jean et Joann, que le hasard venait de réunir à Chambly, avaient voulu venir à Maison-Close, afin de revoir leur mère — pour la dernière fois peut-être.

Et maintenant, ils étaient là, près d’elle, assis à ses côtés. Ils lui tenaient les mains, ils lui parlaient à voix basse. Jean et Joann disaient où en étaient les choses. La lutte serait terrible, comme doit l’être toute lutte suprême.

Bridget, pénétrée par les sentiments qui débordaient de leur cœur, se laissait aller à l’espoir que le crime du père serait enfin réparé par ses fils. Alors elle prit la parole.

« Mon Jean, mon Joann, dit-elle, j’ai besoin de partager vos espérances, de croire au succès…