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peine à mon père, à ma mère, à tous. On nous attend à Chipogan pour une fête de famille, et, puisque tu es devenu notre frère, il faut que tu sois là pour que la famille soit au complet.

— J’y serai, Pierre ! »

Jean serra la main des fils Harcher. Puis, il descendit dans la cabine du Champlain, revêtit le costume qu’il portait le jour de sa visite à la villa Montcalm, et prit congé de ses braves compagnons. Un instant après, Jean sauta sur la berge, et, après un dernier « au revoir ! », il disparut sous les arbres, dont les masses profondes entourent le village iroquois.

Pierre, Rémy, Michel, Tony et Jacques se remirent aussitôt à la manœuvre. Ce ne fut pas sans de grands efforts, de rudes fatigues, qu’ils parvinrent à haler leur bateau contre le courant, en profitant des remous qui se formaient au revers des pointes.

À huit heures du soir, le Champlain était solidement amarré dans une petite crique, au pied des premières maisons du bourg de Laprairie. Les frères Harcher avaient achevé leur campagne de pêche, après avoir, pendant six mois et sur deux cents lieues de parcours, remonté et descendu les eaux du grand fleuve.


VIII
un anniversaire.


Il était cinq heures du soir, lorsque Jean quitta le Champlain. Trois lieues environ le séparaient de la bourgade de Chambly vers laquelle il se dirigeait.

Qu’allait-il faire à Chambly ? N’avait-il pas déjà achevé son œuvre