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détachement en armes qui se dirigeait vers l’habitation de M. de Vaudreuil ?

Celui-ci venait d’ouvrir la porte du salon, et ses amis le suivirent sur la terrasse. Les regards se portèrent aussitôt vers l’ouest. Nulle lumière suspecte de ce côté. Évidemment, cette rumeur ne se propageait pas à travers les plaines de l’île Jésus. Et, cependant, une sorte de brouhaha, plus rapproché maintenant, arrivait jusqu’à la villa, en même temps qu’éclataient des sonneries de trompettes.

« Là… c’est là… » dit Vincent Hodge.

Et il indiquait du doigt le cours du Saint-Laurent en remontant vers Laval. Dans cette direction, quelques torches jetaient une clarté peu accusée encore que réverbéraient les eaux légèrement brumeuses du fleuve.

Deux ou trois minutes se passèrent. Une embarcation, qui descendait avec le jusant, vint alors s’engager entre les remous du courant, près de la berge, à un quart de mille en amont. Cette embarcation contenait une dizaine de personnes, dont, à la lueur des torches, il fut facile de reconnaître l’uniforme. C’était un constable, accompagné d’une escouade de police.

De temps en temps, la barque s’arrêtait. Aussitôt, une voix, précédée d’un appel de clairon, s’élevait dans l’air ; mais de la villa Montcalm, il était encore impossible de percevoir les paroles.

« Ce doit être une proclamation, dit William Clerc.

— Et il faut qu’elle contienne quelque communication importante, répondit André Farran, pour que les autorités la fassent publier à cette heure !

— Attendons, répondit M. de Vaudreuil, et nous ne tarderons pas à savoir…

— Ne serait-il pas prudent de rentrer dans le salon ? fit observer Clary, en s’adressant au jeune homme.

— Pourquoi nous retirer, mademoiselle de Vaudreuil ? répondit