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— Il est mort ! répliqua l’inconnu, qui n’hésita pas à répondre d’une manière affirmative sur un fait dont on n’avait jamais pu, cependant, constater la matérialité.

— Mort !… Ce Simon Morgaz !… Et ce n’est pas moi qui en ai fait justice ! s’écria Vincent Hodge.

— Mes amis, ne parlons plus de ce traître ! dit M. de Vaudreuil, et laissez-moi répondre à la proposition qui nous est communiquée. — Monsieur, reprit-il, en se retournant vers son hôte, ce que les nôtres ont fait déjà, nous sommes prêts à le faire encore. Nous risquerons notre vie comme ils ont risqué la leur. Vous pouvez donc disposer de nous, et nous prenons l’engagement de centraliser à la villa Montcalm les efforts dont vous avez pris l’initiative. Nous sommes en communication quotidienne avec les divers comités du district, et, au premier signal, nous paierons de notre personne. Votre intention, avez-vous dit, est de repartir dans deux jours pour visiter les paroisses de l’est ? Soit ! À votre retour, vous nous trouverez prêts à suivre le chef, quel qu’il soit, qui déploiera le drapeau de l’indépendance.

— Vaudreuil a parlé pour nous, ajouta Vincent Hodge. Nous n’avons qu’une pensée, arracher notre pays à l’oppression, lui assurer le droit qu’il a d’être libre !…

— Et qu’il saura conquérir, cette fois, » dit Clary de Vaudreuil, en s’avançant vers le jeune homme.

Mais celui-ci venait de se diriger vers la porte du salon, du côté de la terrasse.

« Écoutez, messieurs ! » dit-il.

Un bruit vague se faisait entendre dans la direction de Laval, une rumeur éloignée, dont il eût été difficile de reconnaître la nature ou la cause.

« Qu’est-ce donc ? » demanda William Clerc.

— Est-ce qu’un soulèvement se produirait déjà ?… répondit André Farran.

— Dieu veille qu’il n’en soit rien ! murmura Clary. Ce serait agir trop tôt !…