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face au drapeau.

secret sera sans résultat. Au vrai, son état ne peut plus qu’empirer, sa folie devenir absolue, même sur les points où sa raison est restée intacte jusqu’à ce jour.

Somme toute, il ne s’agit pas de Thomas Roch en ce moment, il s’agit de moi, et voici ce que je constate.

À la suite de quelques balancements assez vifs, le canot s’est mis en mouvement sous la poussée des avirons. Le trajet n’a duré qu’une minute à peine. Un léger choc s’est produit. À coup sûr, l’embarcation, après avoir heurté une coque de navire, s’est rangée contre. Il s’est fait une certaine agitation bruyante. On parlait, on commandait, on manœuvrait… Sous mon bandeau, sans rien comprendre, j’ai perçu un murmure confus de voix, qui a continué pendant cinq à six minutes…

La seule pensée qui ait pu me venir à l’esprit, c’est qu’on allait me transborder du canot sur le bâtiment auquel il appartient, m’enfermer à fond de cale jusqu’au moment où ledit bâtiment serait en pleine mer. Tant qu’il naviguera sur les eaux du Pamplico-Sound, il est évident qu’on ne laissera ni Thomas Roch ni son gardien paraître sur le pont…