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où suis-je ?

Thomas Roch était là, dans ce canot, étendu près de moi… Et si j’eusse tardé de quelques minutes à regagner le pavillon, je ne l’y aurais pas retrouvé…

J’y songe… pourquoi faut-il que ce comte d’Artigas ait eu la malencontreuse fantaisie de visiter Healthful-House ? Si mon pensionnaire n’avait pas été mis en sa présence, rien de tout cela ne serait arrivé. De lui avoir parlé de ses inventions a déterminé chez Thomas Roch cette crise d’une exceptionnelle violence. Le premier reproche revient au directeur, qui n’a pas tenu compte de mes avertissements… S’il m’eût écouté, le médecin n’aurait pas été appelé à donner ses soins à mon pensionnaire, la porte du pavillon aurait été close, et le coup eût manqué…

Quant à l’intérêt que peut présenter l’enlèvement de Thomas Roch, soit au profit d’un particulier, soit au profit de l’un des États de l’Ancien Continent, inutile d’insister à ce sujet. Là-dessus, ce me semble, je dois être pleinement rassuré. Personne ne pourra réussir là où j’ai échoué depuis quinze mois. Au degré d’affaissement intellectuel où mon compatriote est réduit, toute tentative pour lui arracher son