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face au drapeau.

Après avoir été transporté à bras hors de Healthful-House, j’ai senti que l’on me déposait, sans brutalité, d’ailleurs, sur les bancs d’une embarcation qui a donné la bande, — un canot, sans doute, et de petite dimension…

À ce premier balancement en a succédé presque aussitôt un autre, — ce que j’attribue à l’embarquement d’une seconde personne. Dès lors puis-je douter qu’il s’agit de Thomas Roch ?… Lui, on n’aura pas eu à prendre la précaution de le bâillonner, de lui voiler les yeux, de lui attacher les pieds et les mains. Il devait encore être dans un état de prostration qui lui interdisait toute résistance, toute conscience de l’acte attentatoire dont il était l’objet. La preuve que je ne me trompe pas, c’est qu’une odeur caractéristique d’éther s’est introduite sous mon bâillon. Or, hier, avant de nous quitter, le docteur avait administré quelques gouttes d’éther au malade, et, — je me le rappelle, — un peu de cette substance, si prompte à se volatiliser, était tombée sur ses vêtements, alors qu’il se débattait au paroxysme de sa crise. Donc, rien d’étonnant à ce que cette odeur eût persisté, ni que mon odorat en ait été affecté sensiblement. Oui…