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face au drapeau.

serait-elle parvenue à tromper leur surveillance ?

L’autorité, par privilège spécial, consentait-elle donc à lui épargner les ennuis d’une visite ?… Estimait-on ce comte d’Artigas un trop haut personnage pour contrarier sa navigation, ne fût-ce qu’une heure ?… C’eût été invraisemblable, puisque, tout en le tenant pour un étranger, menant la grande existence des favorisés de la fortune, personne ne savait, en somme, ni qui il était, ni d’où il venait, ni où il allait.

La goélette poursuivit ainsi sa route d’une allure gracieuse et rapide sur les eaux calmes du Pamplico-Sound. Son pavillon, – un croissant d’or frappé à l’angle d’une étamine rouge, flottant à sa corne, – se déployait largement sous la brise…

Le comte d’Artigas était assis, à l’arrière, dans un de ces fauteuils d’osier, en usage à bord des bâtiments de plaisance. L’ingénieur Serkö et le capitaine Spade causaient avec lui.

« Ils ne se pressent pas de nous honorer de leur coup de chapeau, messieurs les officiers de la marine fédérale, fit observer l’ingénieur Serkö.