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un contre cinq.

L’un d’eux les devance, au tirage forcé, ayant hâte d’être à portée pour faire feu de ses grosses pièces…

Moi, à tout risque, je sors de mon trou… Je regarde, les yeux enfiévrés… J’attends, sans pouvoir l’empêcher, une seconde catastrophe…

Ce navire, qui grandit à vue d’œil, est un croiseur d’un tonnage à peu près égal à celui du bâtiment qui l’avait précédé. Aucun pavillon ne flotte à sa corne, et je ne puis reconnaître à quelle nation il appartient. Il est visible qu’il pousse ses feux, afin de franchir la zone dangereuse, avant que de nouveaux engins aient été lancés. Mais comment échappera-t-il à leur puissance destructive, puisqu’ils peuvent le prendre à revers ?…

Thomas Roch s’est placé devant le deuxième chevalet, au moment où le navire passe à la surface de l’abîme dans lequel, après l’autre vaisseau, il va s’engloutir à son tour…

Rien ne trouble le silence de l’espace, bien qu’il vienne quelques souffles du large.

Soudain, le tambour bat à bord du croiseur… Des sonneries se font entendre. Leurs voix de cuivre arrivent jusqu’à moi…

Je les reconnais, ces sonneries… des sonneries françaises…