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un contre cinq.

À cet instant, je jette un dernier regard aux alentours de Bee-Hive. À l’opposé brille une lumière… une seule… celle du laboratoire dont le reflet frissonne entre les eaux du lagon.

Les berges sont désertes, personne sur la jetée… L’idée me vient que Bee-Hive doit être vide à cette heure, et que les pirates sont allés occuper leur poste de combat…

Alors, poussé par un irrésistible instinct, au lieu de regagner ma cellule, voici que je me glisse le long de la paroi, écoutant, épiant, prêt à me blottir en quelque anfractuosité, si des pas ou des voix se font entendre…

J’arrive ainsi devant l’orifice du couloir…

Dieu puissant !… Personne n’est de garde en cet endroit… Le passage est libre…

Sans prendre le temps de raisonner, je m’élance à travers l’obscur boyau… J’en longe les parois en tâtonnant… Bientôt, un air plus frais me baigne le visage, — l’air salin, l’air de la mer, cet air que je n’ai pas respiré depuis cinq longs mois… cet air vivifiant que je hume à pleins poumons…

L’autre extrémité du couloir se découpe sur un ciel pointillé d’étoiles. Aucune ombre ne l’obstrue…