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encore quelques heures.

qu’il les estime… Je la connais… et n’ignore rien non plus de tout ce qui s’est écrit d’exagéré à ce sujet…

À vrai dire, ce n’est pas le moment de discuter avec Thomas Roch… Ce que je comprends, c’est que mes arguments n’ont plus prise sur cette âme bouleversée, sur ce cœur dans lequel les déceptions ont attisé tant de haine, sur ce malheureux qui est la dupe de Ker Karraje et de ses complices !… En lui révélant le véritable nom du comte d’Artigas, en lui dénonçant cette bande et son chef, j’espérais l’arracher à leur influence, lui montrer le but criminel vers lequel on le poussait… Je me suis trompé !… Il ne me croit pas !… Et puis, Artigas ou Ker Karraje, qu’importe !… N’est-ce pas lui, Thomas Roch, le maître de Back-Cup ?… N’est-il pas le possesseur de ces richesses que vingt années de meurtres et de rapines y ont entassées ?…

Désarmé devant une telle dégénérescence morale, ne sachant plus à quel endroit toucher cette nature ulcérée, cette âme inconsciente de la responsabilité de ses actes, je recule peu à peu vers la porte du laboratoire… Il ne me reste plus qu’à me retirer… Ce qui doit s’accomplir