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à dieu vat !...

Il est vrai, au lieu d’arriver en mains sûres, ne court-il pas le risque d’être lancé par le reflux sur les roches de l’îlot, d’être trouvé par l’équipage de l’Ebba, lorsque la goélette se rend au fond de la crique ?… Si ce document tombe en la possession de Ker Karraje, signé de mon nom, révélant le sien, je n’aurai plus à me préoccuper des moyens de fuir Back-Cup, et mon sort sera vite réglé.

La nuit est venue. On devine si je l’ai attendue avec une fiévreuse impatience ! D’après mes calculs, basés sur des observations précédentes, l’étale de la mer basse doit se produire à huit heures quarante-cinq. À ce moment, la partie supérieure de l’orifice découvrira de cinquante centimètres à peu près. La hauteur entre la surface des eaux et la voûte du tunnel sera plus que suffisante pour le passage du tonnelet. Je compte, d’ailleurs, l’envoyer une demi-heure avant l’étale, afin que le jusant, qui se propagera encore du dedans au-dehors, puisse l’entraîner.

Vers huit heures, au milieu de la pénombre, je quitte ma cellule. Personne sur les berges. Je me dirige vers la paroi dans laquelle est percé le tunnel. À la clarté de la dernière