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face au drapeau

Difficilement. Si la coloration de sa peau, sa chevelure très noire, la grâce de son attitude dénonçaient une origine espagnole, l’ensemble de sa personne n’offrait point ces caractères de race qui sont spéciaux aux natifs de la péninsule ibérique.

C’était un homme d’une taille au-dessus de la moyenne, très robustement constitué, âgé de quarante-cinq ans au plus. Avec sa démarche calme et hautaine, il ressemblait à quelque seigneur indou auquel se fût mêlé le sang des superbes types de la Malaisie. S’il n’était pas de complexion froide, du moins s’attachait-il à paraître tel avec son geste impérieux, sa parole brève. Quant à la langue dont son équipage et lui se servaient, c’était un de ces idiomes qui ont cours dans les îles de l’océan Indien et des mers environnantes. Il est vrai, lorsque ses excursions maritimes l’amenaient sur le littoral de l’Ancien ou du Nouveau Monde, il s’exprimait avec une remarquable facilité en anglais, ne trahissant que par un léger accent son origine étrangère.

Ce qu’avait été le passé du comte d’Artigas, les diverses péripéties d’une existence des plus