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à dieu vat !...

et pour cause. Il affecte de s’informer de mon état de santé, m’engage à la plus complète résignation, m’appelle Ali Baba, m’assure qu’il n’existe pas à la surface de la terre un lieu plus enchanteur que cette caverne des Mille et Une Nuits, que j’y suis nourri, chauffé, logé, habillé, sans avoir à payer ni impôt ni taxe, et que, même à Monaco, les habitants de cette heureuse principauté ne jouissent pas d’une existence plus exempte de soucis…

Quelquefois, devant ce verbiage ironique, je sens la rougeur me monter au visage. La tentation me vient de sauter à la gorge de cet impitoyable railleur, de l’étrangler en un tour de main… On me tuera après… Et qu’importe ?… Ne vaut-il pas mieux finir ainsi que d’être condamné à vivre des années et des années dans cet infâme milieu de Back-Cup ?…

Toutefois, la raison retrouve son empire et, finalement, je me borne à hausser les épaules.

Quant à Thomas Roch, c’est à peine si je l’ai aperçu pendant les premiers jours qui ont suivi le départ de l’Ebba. Enfermé dans son laboratoire, il s’occupe sans cesse de ses manipulations multiples. À supposer qu’il utilise toutes les substances mises à sa disposition,