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pendant cinq semaines.

bord du tug, de me glisser dans la cale de l’Ebba, d’y demeurer caché jusqu’à l’arrivée au port !… Alors, peut-être, eussé-je pu m’échapper… délivrer le monde de cette bande de pirates !…

On voit à quelles pensées je m’abandonne obstinément… Fuir… fuir à tout prix ce repaire !… Mais la fuite n’est possible que par le tunnel avec le bateau sous-marin !… N’est-ce pas folie que d’y songer ?… Oui !… folie… Et pourtant, quel autre moyen de s’évader de Back-Cup ?…

Tandis que je me livre à ces réflexions, voici que les eaux du lagon s’entrouvrent à vingt mètres de la jetée pour livrer passage au tug. Presque aussitôt, son panneau se rabat, le mécanicien Gibson et les hommes montent sur la plate-forme. D’autres accourent sur les roches afin de recevoir une amarre. On la saisit, on hale dessus, et l’appareil vient reprendre son mouillage.

Donc, cette fois, la goélette navigue sans l’aide de son remorqueur, lequel n’est sorti que pour mettre Ker Karraje et ses compagnons à bord de l’Ebba et la dégager des passes de l’îlot.