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pendant cinq semaines.

une crise, car il m’interpelle avec une extraordinaire animation :

« Oui… toi… Gaydon !… Ne m’approche pas… ne m’approche pas !… Tu voudrais me reprendre… me ramener au cabanon… Jamais !… Ici j’ai des amis pour me défendre !… Ils sont puissants, ils sont riches !… Le comte d’Artigas est mon commanditaire !… L’ingénieur Serkö est mon associé !… Nous allons exploiter mon invention !… C’est ici que nous fabriquerons le Fulgurateur Roch… Va-t’en !… Va-t’en !… »

Thomas Roch est en proie à une véritable fureur. En même temps que sa voix s’élève, ses bras s’agitent, et il tire de sa poche des paquets de dollars-papier et de bank-notes. Puis, des pièces d’or anglaises, françaises, américaines, allemandes, s’échappent de ses doigts. Et d’où lui vient cet argent, si ce n’est de Ker Karraje, et pour prix du secret qu’il a vendu ?…

Cependant, au bruit de cette pénible scène, accourent quelques hommes qui nous observaient à courte distance. Ils saisissent Thomas Roch, ils le contiennent, ils l’entraînent. D’ailleurs, dès que je suis hors de sa vue, il