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face au drapeau.

meux pirate est revenu à ma mémoire, — son existence alors qu’il écumait les parages du Pacifique, les expéditions engagées par les puissances maritimes contre son navire, l’inutilité de leurs campagnes. C’était à lui qu’il fallait attribuer, depuis quelques années, ces inexplicables disparitions de bâtiments au large du continent américain… Il n’avait fait que changer le théâtre de ses attentats… On pensait en être débarrassé, et il continuait ses pirateries sur ces mers si fréquentées de l’Atlantique, avec l’aide de ce tug que l’on croyait englouti sous les eaux de la baie Charleston…

« Maintenant, me dis-je, voici que je connais son véritable nom et sa véritable retraite, — Ker Karraje et Back-Cup ! Mais, si Serkö a prononcé ce nom devant moi, c’est qu’il y était autorisé… N’est-ce pas m’avoir fait comprendre que je dois renoncer à jamais recouvrer ma liberté ?… »

L’ingénieur Serkö avait manifestement vu l’effet produit sur moi par cette révélation. En me quittant, je me le rappelle, il s’était dirigé vers l’habitation de Ker Karraje, voulant sans doute le mettre au courant de ce qui s’était passé. Après une assez longue promenade sur les