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ker karraje.

ce pirate, quels étaient ses antécédents, cela n’avait jamais pu être établi dans les enquêtes qui furent ordonnées à son sujet. Mais s’il avait su échapper à toutes les poursuites, son nom, — du moins celui qu’il se donnait, — courut le monde. On ne le prononçait qu’avec horreur et terreur, comme celui d’un personnage légendaire, invisible, insaisissable.

Moi, maintenant, j’ai lieu de croire que ce Ker Karraje est de race malaise. Peu importe, en somme. Ce qui est certain, c’est qu’on le tenait à bon droit pour un forban redoutable, l’auteur des multiples attentats commis dans ces mers lointaines.

Après avoir passé quelques années sur les placers de l’Australie, où il fit la connaissance de l’ingénieur Serkö et du capitaine Spade, Ker Karraje parvint à s’emparer d’un navire dans le port de Melbourne, de la province de Victoria. Une trentaine de coquins, dont le nombre devait bientôt être triplé, se firent ses compagnons. En cette partie de l’océan Pacifique, où la piraterie est encore si facile, et, disons-le, si fructueuse — combien de bâtiments furent pillés, combien d’équipages massacrés, combien de razzias organisées dans