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face au drapeau.

l’avoir encore aperçu pendant cette première journée. Est-ce qu’il serait en proie à une nouvelle crise ?…

Cette hypothèse n’est guère admissible. Le comte d’Artigas, — à s’en rapporter à ce qu’il m’a dit, — aurait eu soin de mander près de l’inventeur son gardien Gaydon.

À peine ai-je fait une centaine de pas que je rencontre l’ingénieur Serkö.

De manières engageantes, de bonne humeur comme à l’habitude, cet ironiste sourit en m’apercevant, et ne cherche point à m’éviter. S’il savait que je suis un confrère, un ingénieur, — en admettant qu’il le soit, — peut-être me ferait-il meilleur accueil ?… Mais je me garderai bien de lui décliner mes nom et qualités.

L’ingénieur Serkö s’est arrêté, les yeux brillants, la bouche moqueuse, et il accompagne le bonjour qu’il me souhaite d’un geste des plus gracieux.

Je réponds froidement à sa politesse, — ce qu’il affecte de ne point remarquer.

« Que saint Jonathan vous protège, monsieur Gaydon ! me dit-il de sa voix fraîche et sonore. Vous ne vous plaindrez pas, je l’es-