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ment s’était alors produit dans les facultés intellectuelles de Thomas Roch. Il n’avait plus l’entière possession de sa cérébralité. On le sentait engagé sur une voie qui le conduirait graduellement à la folie définitive. Traiter dans les conditions qu’il voulait imposer, nul gouvernement n’aurait pu y condescendre.

La commission française dut rompre tout pourparler, et les journaux, même ceux de l’opposition radicale, durent reconnaître qu’il était difficile de donner suite à cette affaire. Les propositions de Thomas Roch furent rejetées, sans qu’on eût à craindre, d’ailleurs, qu’un autre État pût consentir à les accueillir.

Avec cet excès de subjectivité qui ne cessa de s’accroître dans l’âme si profondément bouleversée de Thomas Roch, on ne s’étonnera pas que la corde du patriotisme, peu à peu détendue, eût fini par ne plus vibrer. Il faut le répéter pour l’honneur de la nature humaine, Thomas Roch était, à cette heure, frappé d’inconscience. Il ne se survivait intact que dans ce qui se rapportait directement à son invention. Là-dessus, il n’avait rien perdu de sa puissance géniale. Mais en tout ce qui concernait les détails les plus ordinaires de l’existence,