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face au drapeau.

les quelques heures que j’ai dormi, du moins est-elle immobile en ce moment.

Le bruit dont je parle provient de rapides allées et venues sur le pont, – des pas de gens lourdement chargés. En même temps, il me semble qu’un tumulte du même genre emplit la cale au-dessous du plancher de ma cabine, et à laquelle donne accès le grand panneau en arrière du mât de misaine. Je constate aussi que la goélette est frôlée extérieurement le long de ses flancs, dans la partie émergée de sa coque. Est-ce que des embarcations l’ont accostée ?… Les hommes sont-ils occupés à charger ou à décharger des marchandises ?…

Et, cependant, il n’est pas possible que nous soyons à destination. Le comte d’Artigas a dit que l’Ebba ne serait pas arrivée avant vingt-quatre heures. Or, je le répète, elle était hier soir à cinquante ou soixante milles des terres les plus rapprochées, le groupe des Bermudes. Qu’elle soit revenue vers l’ouest, qu’elle se trouve à proximité de la côte américaine, c’est inadmissible, étant donné la distance. Et puis, j’ai lieu de croire que la goélette est restée stationnaire durant toute la nuit.