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face au drapeau.

commerce que nous avions à un mille et demi, lorsque j’ai regagné ma cabine. Si la goélette a continué de se diriger vers lui, elle l’aura rejoint. Maintenant qu’elle est stationnaire, les deux bâtiments ne doivent plus être qu’à une ou deux encablures l’un de l’autre. Ce trois-mâts, encalminé déjà au coucher du soleil, n’a pu se déplacer vers l’ouest. Il est là, et, si la nuit était claire, je l’apercevrais à travers le hublot.

L’idée me vient qu’il se présente peut-être une occasion dont il y aurait lieu de profiter. Pourquoi ne tenterais-je pas de m’échapper, puisque tout espoir de jamais recouvrer ma liberté m’est interdit ?… Je ne sais pas nager, il est vrai, mais, après m’être jeté à la mer avec une des bouées du bord, me serait-il impossible d’atteindre le trois-mâts, à la condition d’avoir su tromper la surveillance des matelots de quart ?…

Donc, en premier lieu, il s’agit de quitter ma cabine, de gravir l’escalier du capot… Je n’entends aucun bruit dans le poste de l’équipage ni sur le pont de l’Ebba… Les hommes doivent dormir à cette heure… Essayons…

Lorsque je veux ouvrir la porte de ma ca-