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deux jours de navigation.

n’a trouvé aucun apaisement. C’est demain, dans l’après-midi, que nous serons arrivés… C’est demain que mes fonctions devront reprendre à terre auprès de Thomas Roch, « si cela est nécessaire », a dit le comte d’Artigas.

La première fois que j’ai été enfermé à fond de cale, si je me suis aperçu que la goélette s’était mise en marche au large du Pamplico-Sound, en ce moment, — il devait être environ dix heures, — je sens qu’elle vient de s’arrêter.

Pourquoi cet arrêt ?… Lorsque le capitaine Spade m’a ordonné de quitter le pont, nous n’avions aucune terre en vue. En cette direction, les cartes n’indiquent que le groupe des Bermudes, et, à la nuit tombante, il s’en fallait encore de cinquante à soixante milles que les vigies eussent été en mesure de le signaler.

Du reste, non seulement la marche de l’Ebba est suspendue, mais son immobilité est presque complète. À peine éprouve-t-elle un faible balancement d’un bord sur l’autre, très doux, très égal. La houle est peu sensible. Aucun souffle de vent ne se propage à la surface de la mer.

Ma pensée se reporte alors sur ce navire de