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face au drapeau.

quelques souffles intermittents, qui viennent de l’est, sont contraires, puisque nous avons le cap dans cette direction… Et, cependant, la goélette file avec rapidité, piquant un peu du nez, tandis que son étrave fend les eaux, dont l’écume glisse sur sa ligne de flottaison. Un sillage, comme une moire onduleuse, s’étend au loin en arrière.

Ce navire est-il donc un steam-yacht ?… Non !… Aucune cheminée ne se dresse entre son grand mât et son mât de misaine… Est-ce un bateau mû par l’électricité, possédant soit une batterie d’accumulateurs, soit des piles d’une puissance considérable, qui actionnent son hélice et lui impriment une pareille vitesse ?…

En effet, je ne saurais m’expliquer autrement cette navigation. Dans tous les cas, puisque le propulseur ne peut être qu’une hélice, en me penchant au-dessus du couronnement, je la verrai fonctionner, et il ne me restera plus qu’à reconnaître de quelle source mécanique provient son mouvement.

L’homme de barre me laisse approcher, non sans m’adresser un regard ironique.

Je me penche en dehors, et j’observe…