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où suis-je ?

mouvements de roulis et de tangage ne sont aucunement sensibles. Or, comment se fait-il que le Pamplico-Sound soit dans un tel état de tranquillité ?… Rien que les courants de mer montante et descendante suffisent d’ordinaire à troubler sa surface.

Il est vrai, peut-être le flot est-il étale à cette heure, et, je m’en souviens, la brise de terre était tombée hier avec le soir. N’importe ! Cela me paraît inexplicable, car un bâtiment, mû par un propulseur, quelle que soit sa vitesse, éprouve toujours des oscillations dont je ne puis saisir le plus léger indice.

Voilà de quelles pensées obsédantes ma tête est maintenant remplie ! Malgré une pressante envie de dormir, malgré la torpeur qui m’envahit au milieu de cette atmosphère étouffante, j’ai résolu de ne point m’abandonner au sommeil. Je veillerai jusqu’au jour, et encore ne fera-t-il jour pour moi qu’au moment où ce compartiment recevra la lumière extérieure. Et, peut-être ne suffira-t-il pas que la porte s’ouvre, et faudra-t-il qu’on me sorte de ce trou, qu’on me ramène sur le pont…

Je m’accote à l’un des angles des cloisons, car je n’ai pas même un banc pour m’asseoir. Mais,