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deux ans de vacances.

à travers ces forêts. D’abord, les petits ne pourraient nous suivre, et comment les laisser seuls au Sloughi ? Que Doniphan et Briant tentent cette excursion, que deux de leurs camarades les accompagnent…

— Moi ! dit Wilcox.

— Et moi ! dit Service.

— Soit, répondit Gordon. Quatre, cela suffira. Si vous tardiez à revenir, quelques-uns de nous pourraient encore aller à votre rencontre, tandis que les autres resteraient au schooner. N’oubliez pas que c’est ici notre campement, notre maison, notre « home », et il ne faudra l’abandonner que lorsque nous serons certains d’être sur un continent.

— Nous sommes sur une île ! répondit Briant. Pour la dernière fois, je l’affirme !…

— C’est ce que nous verrons ! » répliqua Doniphan.

Les sages conseils de Gordon avaient mis fin au désaccord de ces jeunes têtes. Évidemment – et Briant le reconnaissait lui-même – il importait de pousser une pointe à travers les forêts du centre afin d’atteindre cette ligne d’eau entrevue par lui. D’ailleurs, en admettant que ce fût bien une mer qui s’étendait à l’est, ne pouvait-il se faire que, dans cette direction, il y eût d’autres îles, séparées seulement par un canal qu’il ne serait pas impossible de franchir ? Or, si ces îles faisaient partie d’un archipel, si des hauteurs apparaissaient à l’horizon, n’était-ce pas ce qu’il fallait constater, avant de prendre une détermination dont le salut pouvait dépendre ? Ce qui était indubitable, c’est qu’il n’y avait aucune terre à l’ouest, depuis cette partie du Pacifique jusqu’aux parages de la Nouvelle-Zélande. Donc les jeunes naufragés ne pouvaient avoir quelque chance de rallier un pays habité que s’ils le cherchaient du côté où se levait le soleil.

Toutefois, il ne serait prudent de tenter cette exploration que par beau temps. Ainsi que Gordon venait de le dire, il ne fallait plus raisonner ni agir en enfants, mais en hommes. Dans les circonstances