Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/486

Cette page a été validée par deux contributeurs.
466
deux ans de vacances.

déserte en ce moment. Aussi, sans s’y arrêter, après avoir doublé le cap Tamar, Evans prit-il la direction du sud-est à travers le détroit de Magellan.

D’un côté, la longue terre de Désolation développait ses côtes plates et arides, dépourvues de cette verdoyante végétation que revêtait l’île Chairman. De l’autre, se dessinaient les indentations si capricieusement déchiquetées de la presqu’île Crooker. C’était par là qu’Evans comptait chercher les passes du sud, afin de doubler le cap Forward et de remonter la côte est de la presqu’île de Brunswick jusqu’à l’établissement de Punta-Arena.

Il ne fut pas nécessaire d’aller si loin.

Dans la matinée du 13, Service, qui se tenait debout à l’avant, s’écria :

« Une fumée par tribord !

— La fumée d’un feu de pêcheurs ? demanda Gordon.

— Non !… C’est plutôt une fumée de steamer ! » répliqua Evans.

En effet, dans cette direction, les terres étaient trop éloignées pour que la fumée d’un campement de pêche y fût visible.

Aussitôt Briant, s’élançant dans les agrès de la misaine, atteignit la tête du mât, et s’écria à son tour :

« Navire !… Navire !… »

Le bâtiment fut bientôt en vue. C’était un steamer de huit à neuf cents tonneaux, qui marchait avec une vitesse de onze à douze milles à l’heure.

Des hurrahs partirent de la chaloupe, des coups de fusil également.

La chaloupe avait été vue, et, dix minutes après, elle accostait le steamer Grafton, qui faisait route pour l’Australie.

En un instant, le capitaine du Grafton, Tom Long, eut été mis au courant des aventures du Sloughi. D’ailleurs, la perte du schooner avait eu un retentissement considérable en Angleterre comme en Amérique, Tom Long s’empressa de recueillir à son bord les passagers de la chaloupe. Il offrit même de les reconduire directement à