Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/478

Cette page a été validée par deux contributeurs.
458
deux ans de vacances.

ainsi qu’il arrivait pendant la belle saison, la brise fraîchirait aux premiers rayons du soleil.

On campa en cet endroit, on mangea de bon appétit, on dormit d’un bon sommeil, la tête appuyée au tronc d’un gros hêtre, les pieds devant un foyer pétillant qui brûla jusqu’à l’aube.

« Embarquons ! » tel fut le premier mot que prononça le master, dès que les lueurs matinales eurent éclairé les eaux du lac.

Ainsi qu’on s’y attendait, la brise du nord-est avait repris avec le jour. Le master ne pouvait demander un temps plus favorable pour se diriger sur French-den.

La voile fut hissée, et la yole, traînant la pesante embarcation, qui était noyée jusqu’à son plat-bord, mit le cap à l’ouest.

Il ne se produisit aucun incident pendant cette traversée du Family-lake. Par prudence, Evans se tint toujours prêt à couper la remorque, pour le cas où la chaloupe eût coulé à pic, car elle aurait entraîné la yole avec elle. Grave appréhension, à coup sûr ! En effet, l’embarcation engloutie, c’était le départ indéfiniment ajourné, et, peut-être, un long temps encore à passer sur l’île Chairman !

Enfin, les hauteurs d’Auckland-hill apparurent dans l’ouest vers trois heures du soir. À cinq heures, la yole et la chaloupe entraient dans le rio Zealand et mouillaient à l’abri de la petite digue. Des hurrahs accueillirent Evans et ses compagnons, sur lesquels on ne comptait pas avant quelques jours.

Pendant leur absence, l’état de Doniphan s’était quelque peu amélioré. Aussi le brave garçon put-il répondre aux pressements de main de son camarade Briant. Sa respiration se faisait plus librement, le poumon n’ayant point été atteint. Bien qu’on le tînt à une diète très sévère, les forces commençaient à lui revenir, et, sous les compresses d’herbes que Kate renouvelait de deux heures en deux heures, sa plaie ne tarderait probablement pas à se fermer. Sans doute, la convalescence serait de longue durée ; mais Doniphan avait tant de vitalité que sa guérison complète ne serait qu’une question de temps.