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lement, semblait-il. Les yeux fermés, le visage blanc comme une cire, il ne faisait plus un mouvement, il n’entendait même pas Briant qui l’appelait.

Cependant Evans s’était penché sur le corps du jeune garçon. Il avait ouvert sa veste, puis déchiré sa chemise qui était trempée de sang. Une étroite plaie triangulaire saignait à la hauteur de la quatrième côte, du côté gauche. La pointe du coutelas avait-elle touché le cœur ? Non, puisque Doniphan respirait encore. Mais il était à craindre que le poumon eût été atteint, car la respiration du blessé était extrêmement faible.

« Transportons-le à French-den ! dit Gordon. Là, seulement, nous pourrons le soigner…

— Et le sauver ! s’écria Briant. Ah ! mon pauvre camarade !… C’est pour moi que tu t’es exposé ! »

Evans approuva la proposition de ramener Doniphan à French-den — d’autant plus qu’en ce moment il paraissait y avoir quelque répit à la lutte. Vraisemblablement, Walston, voyant que les choses tournaient mal, avait pris le parti de battre en retraite dans les profondeurs de Traps-woods.

Toutefois — ce qui ne laissait pas d’inquiéter Evans — c’est qu’il n’avait aperçu ni Walston ni Brandt ni Book, et ce n’étaient pas les moins redoutables de la bande.

L’état de Doniphan exigeait qu’il fût transporté sans secousse. Aussi Wilcox et Service se hâtèrent-ils d’établir une civière de branchages, sur laquelle le jeune garçon fut étendu, sans avoir repris connaissance. Puis, quatre de ses camarades le soulevèrent doucement, tandis que les autres l’entouraient, leur fusil armé, leur revolver à la main.

Le cortège regagna directement la base d’Auckland-hill. Cela valait mieux que de suivre la rive du lac. En longeant la falaise, il n’y aurait plus à veiller que sur la gauche et en arrière. Rien, d’ailleurs, ne vint troubler ce pénible cheminement. Quelquefois, Doniphan poussait un soupir si douloureux que Gordon faisait signe de s’arrêter, afin d’écou-