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deux ans de vacances.

le petit tertre qui recouvrait les restes du naufragé français, le master jugea opportun de couper obliquement, afin de se rapprocher de la rive du Family-lake.

Phann, que Gordon eût en vain essayé de retenir, semblait quêter, l’oreille dressée, le nez au sol, et il parut bientôt qu’il était tombé sur une piste.

« Attention ! dit Briant.

— Oui, répondit Gordon. Ce n’est point la piste d’un animal ! Voyez l’allure de Phann !

— Glissons-nous entre les herbes, répliqua Evans, et vous, monsieur Doniphan, qui êtes bon tireur, si l’un de ces gueux se montre à bonne portée, ne le manquez pas ! Vous n’aurez jamais si à propos envoyé une balle. »

Quelques instants après, tous avaient atteint les premiers groupes d’arbres. Là, sur la limite de Traps-woods, il y avait encore des traces d’une halte récente, des branches à demi consumées, des cendres à peine refroidies.

« C’est ici, à coup sûr, que Walston a passé la nuit dernière, fit observer Gordon.

— Et peut-être y était-il, il y a quelques heures ? répondit Evans. Je pense qu’il vaut mieux nous rabattre vers la falaise… »

Il n’avait pas achevé qu’une détonation éclatait sur la droite. Une balle, après avoir effleuré la tête de Briant, vint s’incruster dans l’arbre près duquel il s’appuyait.

Presque en même temps se faisait entendre un autre coup de feu, qui fut suivi d’un cri, tandis qu’à cinquante pas de là, une masse s’abattait brusquement sous les arbres.

C’était Doniphan, qui venait de tirer au juger d’après la fumée produite par le premier coup de fusil.

Mais le chien ne s’arrêtant plus, Doniphan, emporté par sa fougue, se lança derrière lui.

« En avant ! dit Evans. Nous ne pouvons le laisser s’engager seul !… »