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deux ans de vacances.

pour les trahir qu’il avait demandé l’hospitalité aux hôtes de French-den ?

Voulant l’interroger lui-même, Evans rentra dans le hall ; il ouvrit la porte du réduit où était enfermé Forbes, relâcha ses liens, l’amena dans le hall.

« Forbes, dit Evans, la ruse que Rock et toi vous méditiez n’a pas réussi. Il importe que je sache quels sont les projets de Walston que tu dois connaître. Veux-tu répondre ? »

Forbes avait baissé la tête, et, n’osant lever les yeux sur Evans, sur Kate, sur les jeunes garçons devant lesquels le master l’avait fait comparaître, il gardait le silence.

Kate intervint.

« Forbes, dit-elle, une première fois, vous avez montré un peu de pitié, en empêchant vos compagnons de me tuer pendant le massacre du Severn. Eh bien ! ne voudrez-vous rien faire pour sauver ces enfants d’un massacre plus affreux encore ? »

Forbes ne répondit pas.

« Forbes, reprit Kate, ils vous ont laissé la vie, quand vous méritiez la mort ! Toute humanité ne peut pas être éteinte en vous ! Après avoir fait tant de mal, vous pouvez revenir au bien ! Songez à quel horrible crime vous prêtiez la main ! »

Un soupir, à demi-étouffé, sortit péniblement de la poitrine de Forbes.

« Eh ! que puis-je ?… répondit-il d’une voix sourde.

— Tu peux nous apprendre, reprit Evans, ce qui devait se faire cette nuit, ce qui doit se faire plus tard. Attendais-tu Walston et les autres, qui devaient s’introduire ici, dès qu’une des portes aurait été ouverte ?…

— Oui ! fit Forbes.

— Et ces enfants, qui t’avaient fait bon accueil, eussent été tués ?… »

Forbes baissa la tête plus bas encore, et, cette fois, il n’eut pas la force de répondre.