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deux ans de vacances.

vient nous demander l’hospitalité, nous le recevrons à coup de fusil…

— À moins qu’il ne soit plus adroit de le recevoir à coup de chapeau ! fit observer Gordon.

— Eh ! peut-être bien, monsieur Gordon ! répliqua le master. Cela vaudrait mieux ! Ruse contre ruse. Aussi, le cas échéant, verrons-nous ce qu’il faudra faire ! »

Oui ! il conviendrait d’agir avec la plus grande circonspection. En effet, si les choses tournaient bien, si Evans rentrait en possession de la chaloupe du Severn, il était permis de croire que l’heure de la délivrance ne serait pas éloignée. Mais que de périls encore ! et tout ce petit monde serait-il au complet, lorsqu’on ferait route pour la Nouvelle-Zélande ?

Le lendemain, la matinée s’écoula sans incidents. Le master, accompagné de Doniphan et de Baxter, remonta même pendant un demi-mille dans la direction de Traps-woods, en se dissimulant derrière les arbres groupés à la base d’Auckland-hill. Il ne vit rien d’anormal, et Phann, qui le suivait, n’eut point l’occasion de le mettre en défiance.

Mais, dans la soirée, un peu avant le coucher du soleil, il y eut une alerte. Webb et Cross, de faction sur la falaise, venaient d’en redescendre précipitamment, en signalant l’approche de deux hommes, qui s’avançaient par la berge méridionale du lac, de l’autre côté du rio Zealand.

Kate et Evans, tenant à ne point être reconnus, rentrèrent aussitôt dans Store-room. Puis, regardant à travers une des meurtrières, ils observèrent les hommes signalés. C’étaient deux des compagnons de Walston, Rock et Forbes.

« Évidemment, dit le master, c’est par ruse qu’ils veulent agir, et, ils vont se présenter ici comme des matelots qui viennent d’échapper au naufrage !

— Que faire ?… demanda Briant.

— Les bien accueillir, répondit Evans.