Magellan, une île que de simples canaux séparent de l’île Cambridge au sud et des îles Madre de Dios et Chatam au nord ? Eh bien, cette île, sur le cinquante et unième degré de latitude, c’est l’île Hanovre, celle à laquelle vous avez donné le nom de Chairman, celle que vous habitez depuis plus de vingt mois ! »
Briant, Gordon, Doniphan, penchés sur l’atlas, regardaient curieusement cette île qu’ils avaient crue éloignée de toutes terres, et qui était si voisine de la côte américaine.
« Quoi, dit Gordon, nous n’étions séparés du Chili que par des bras de mer ?…
— Oui, mes garçons, répondit Evans. Mais, entre l’île Hanovre et le continent américain, il n’y a que des îles aussi désertes que celle-ci. Et, une fois arrivés sur ledit continent, il aurait fallu franchir des centaines de milles, avant d’atteindre les établissements du Chili ou de la République Argentine ! Et que de fatigues, sans compter les dangers, car les Indiens Puelches, qui errent à travers les pampas, sont peu hospitaliers ! Je pense donc que mieux a valu pour vous de n’avoir pu abandonner votre île, puisque l’existence matérielle y était assurée, et puisque, Dieu aidant, j’espère que nous pourrons la quitter ensemble ! »
Ainsi, ces divers canaux qui entourent l’île Hanovre ne mesuraient, en de certains endroits, que quinze à vingt milles de largeur, et Moko, par beau temps, eût pu les traverser sans peine, rien qu’avec sa yole. Si Briant, Gordon, Doniphan, lors de leurs excursions au nord et à l’est, n’avaient pu apercevoir ces terres, c’est qu’elles sont absolument basses. Quant à la tache blanchâtre, c’était un des glaciers de l’intérieur, et la montagne en éruption, un des volcans des régions magellaniques.
D’ailleurs, – autre observation que fit Briant en examinant attentivement la carte, – le hasard de leurs excursions les avait précisément conduits sur les points du littoral qui s’éloignaient le plus des îles voisines. Il est vrai, lorsque Doniphan atteignit les Severn-shores, peut-être aurait-il pu apercevoir la côte méridio-