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deux ans de vacances.

XXVII

Le détroit de Magellan. – Les terres et les îles qui le bordent. – Les stations qui y sont établies. – Projets d’avenir. – La force ou la ruse ? – Rock et Forbes. – Les faux naufragés. – Accueil hospitalier. – Entre onze heures et minuit. – Un coup de feu d’Evans. – Intervention de Kate.


Un canal, long de trois cent quatre-vingts milles environ, dont la courbure se dessine de l’ouest à l’est, depuis le cap des Vierges sur l’Atlantique jusqu’au cap de Los Pilares sur le Pacifique, — encadré de côtes très accidentées, — dominé par des montagnes de trois mille pieds au-dessus du niveau de la mer, — creusé de baies au fond desquelles se multiplient les ports de refuge, — riches en aiguades où les navires peuvent sans peine renouveler leur provision d’eau, — bordé de forêts épaisses où le gibier abonde, — retentissant du fracas des chutes qui se précipitent par milliers dans ses innombrables criques, — offrant aux navires venus de l’est ou de l’ouest un passage plus court que celui de Lemaire entre la Terre des États et la Terre de Feu, et moins battu des tempêtes que celui du cap Horn, — tel est ce détroit de Magellan que l’illustre navigateur portugais découvrit en l’année 1520.

Les Espagnols, qui furent seuls à visiter les terres magellaniques pendant un demi-siècle, fondèrent sur la presqu’île de Brunswick l’établissement de Port-Famine. Aux Espagnols succédèrent les Anglais avec Drake, Cavendish, Chidley, Hawkins ; puis les Hollandais avec de Weert, de Cord, de Noort, avec Lemaire et Schouten