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deux ans de vacances.

c’est à la condition que ceux-ci leur rendent en retour certains services domestiques, auxquels ils ne peuvent se soustraire. Ces services, qui consistent à apporter le déjeuner du matin, à brosser les habits, à cirer les souliers, à faire les commissions, sont connus sous le nom de « faggisme », et ceux qui les doivent s’appellent « fags ». Ce sont les plus petits, ceux des premières divisions qui servent de fags aux élèves des divisions supérieures, et, s’ils refusaient d’obéir, on leur ferait la vie dure. Mais aucun d’eux n’y songe, et cela les habitue à se plier à une discipline qu’on ne retrouve guère chez les élèves des lycées français. D’ailleurs, la tradition l’exige, et, s’il est un pays qui l’observe entre tous, c’est bien le Royaume-Uni, où elle s’impose au plus humble « cockney » de la rue comme aux pairs de la Chambre Haute.

Les élèves, qui devaient prendre part à l’excursion du Sloughi, appartenaient aux diverses divisions du pensionnat Chairman. Ainsi qu’on a pu le remarquer à bord du schooner, il s’en trouvait depuis l’âge de huit ans jusqu’à l’âge de quatorze. Et ces quinze jeunes garçons, y compris le mousse, allaient être entraînés loin et longtemps dans de terribles aventures !

Il importe de faire connaître leurs noms, leur âge, leurs aptitudes, leurs caractères, la situation de leur famille, et quels rapports existaient entre eux dans cet établissement qu’ils venaient de quitter à l’époque habituelle des vacances.

À l’exception de deux Français, les frères Briant, et de Gordon, qui est américain, ils sont tous d’origine anglaise.

Doniphan et Cross appartiennent à une famille de riches propriétaires qui occupent le premier rang dans la société de la Nouvelle-Zélande. Âgés de treize ans et quelques mois, ils sont cousins, et tous deux font partie de la cinquième division. Doniphan, élégant et soigné de sa personne, est de tous, sans contredit, l’élève le plus distingué. Intelligent et studieux, il tient à ne jamais déchoir, autant par goût de s’instruire que par désir de l’emporter sur ses camarades. Une certaine morgue aristocratique lui a valu le sobriquet de « lord Doni-