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deux ans de vacances.

Le master comptait du regard les jeunes garçons, réunis autour de la table du hall.

« Quinze, dit-il, et à peine cinq ou six qui soient en état de se défendre !… N’importe !

— Sommes-nous en danger d’être attaqués, master Evans ? demanda Briant.

— Non, mon garçon, non, – du moins pour l’instant ! » répondit Evans.

Que tous eussent hâte de connaître l’histoire du master, et principalement ce qui avait eu lieu depuis que la chaloupe avait été jetée sur les Severn-shores, cela se comprend. Ni grands ni petits n’auraient pu s’abandonner au sommeil, sans avoir entendu ce récit qui était pour eux de si haute importance. Mais, auparavant, il convenait qu’Evans se débarrassât de ses vêtements mouillés et prît quelque nourriture. Si ses habits ruisselaient, c’est qu’il avait dû traverser le rio Zealand à la nage. S’il était épuisé de fatigue et de faim, c’est qu’il n’avait pas mangé depuis douze heures, c’est que, depuis le matin, il n’avait pu se reposer un instant.

Briant le fit immédiatement passer dans Store-room, où Gordon mit à sa disposition de bons vêtements de matelot. Après quoi, Moko lui servit de la venaison froide, du biscuit, quelques tasses de thé bouillant, un bon verre de brandy.

Un quart d’heure après, Evans, assis devant la table du hall, faisait le récit des événements survenus depuis que les matelots du Severn avaient été jetés sur l’île.

« Quelques instants avant que la chaloupe eût accosté la grève, dit-il, cinq des hommes, – moi compris, – nous avions été lancés sur les premières roches des récifs. Aucun de nous n’avait été grièvement meurtri dans l’échouage. Rien que des contusions, pas de blessures. Mais, ce qui ne laissa pas d’être difficile, ce fut de se dégager du ressac au milieu de l’obscurité et par une mer furieuse, qui descendait contre le vent du large.

« Cependant, après de longs efforts, nous arrivâmes sains et saufs,