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deux ans de vacances.

XXVI

Kate et le master. – Le récit d’Evans. – Après l’échouage de la chaloupe. – Walston au port de Bear-rock. – Le cerf-volant. – French-den découvert. – Fuite d’Evans. – La traversée du rio. – Projets. – Proposition de Gordon. – Les terres dans l’est. – L’île Chairman-Hanovre.


Tout d’abord, Gordon, Briant, Doniphan étaient restés immobiles, à cette apparition si inattendue d’Evans. Puis, par un mouvement instinctif, ils s’élancèrent vers le master comme au-devant d’un sauveur.

C’était un homme de vingt-cinq à trente ans, épaules larges, torse vigoureux, œil vif, front découvert, physionomie intelligente et sympathique, démarche ferme et résolue, figure que cachait en partie les broussailles d’une barbe inculte, qui n’avait pu être taillée depuis le naufrage du Severn.

À peine entré, Evans se retourna et vint appuyer son oreille contre la porte qu’il avait refermée vivement. N’entendant rien au dehors, il s’avança au milieu du hall. Là, il regarda à la lueur du fanal suspendu à la voûte ce petit monde qui l’entourait, et murmura ces mots :

« Oui !… des enfants !… Rien que des enfants !… »

Tout à coup, son œil s’anima, sa figure rayonna de joie, ses bras s’ouvrirent…

Kate venait d’aller à lui.

« Kate !… s’écria-t-il. Kate vivante ! »

Et il lui saisit les mains, comme pour bien s’assurer que ce n’étaient pas celles d’une morte.

« Oui ! vivante comme vous, Evans ! répondit Kate. Dieu m’a sauvée comme il vous a sauvé, et c’est lui qui vous envoie au secours de ces enfants ! »