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deux ans de vacances.

rien à craindre dans cette inébranlable caverne. La foudre pouvait frapper vingt fois, cent fois, les crêtes de la falaise ! Elle ne traverserait pas les épaisses parois de French-den, aussi imperméables au fluide électrique qu’inaccessibles aux bourrasques. De temps à autre, Briant, Doniphan ou Baxter se levaient, entr’ouvraient la porte et rentraient aussitôt, à demi-aveuglés par les éclairs, après un rapide regard jeté au dehors. L’espace était en feu, et le lac, réverbérant les fulgurations du ciel, semblait rouler une immense nappe de flammes.

De dix heures à onze heures, pas un seul instant de répit des éclairs et du tonnerre. Ce fut seulement un peu avant minuit que l’accalmie tendit à se faire. Des intervalles de plus en plus longs séparèrent les coups de foudre, dont la violence diminuait avec l’éloignement. Le vent se leva alors, chassant les nuages qui s’étaient rapprochés du sol, et la pluie ne tarda pas à tomber à torrents.

Les petits commencèrent donc à se rassurer. Deux ou trois têtes, enfoncées sous les couvertures, se hasardèrent à reparaître, bien qu’il fût l’heure de dormir pour tout le monde. Aussi, Briant et les autres, ayant organisé les précautions accoutumées, allaient-ils se mettre au lit, lorsque Phann donna manifestement des marques d’une inexplicable agitation. Il se dressait sur ses pattes, il s’élançait vers la porte du hall, il poussait des grognements sourds et continus.

« Est-ce que Phann a senti quelque chose ? dit Doniphan en essayant de calmer le chien.

— En bien des circonstances déjà, fit observer Baxter, nous lui avons vu cette singulière allure, et l’intelligente bête ne s’est jamais trompée !

— Avant de nous coucher, il faut savoir ce que cela signifie ! ajouta Gordon.

— Soit, dit Briant, mais que personne ne sorte, et soyons prêts à nous défendre ! »

Chacun prit son fusil et son revolver. Puis, Doniphan s’avança