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deux ans de vacances.

Et alors, au milieu de la nuit, en s’élevant à quelques centaines de pieds dans les airs, peut-être parviendrait-on à découvrir la lueur d’un feu sur la partie de l’île comprise entre le lac et Deception-bay.

Qu’on ne hausse pas les épaules devant l’idée de ce brave et audacieux garçon ! Sous l’empire de cette obsession, il en était arrivé à croire son projet, non seulement praticable – il l’était, pas de doute à cet égard, – mais moins dangereux qu’il semblait être de prime abord.

Il ne s’agissait donc plus que de le faire adopter par ses camarades. Et, dans la soirée du 4, après avoir prié Gordon, Doniphan, Wilcox, Webb et Baxter de venir conférer avec lui, il leur fit connaître sa proposition d’utiliser le cerf-volant.

« L’utiliser ?… répondit Wilcox. Et comment l’entends-tu ?… Est-ce en le lançant dans l’air ?

— Évidemment, répondit Briant, puisqu’il est fait pour être lancé.

— Pendant le jour ? demanda Baxter…

— Non, Baxter, car il n’échapperait point aux regards de Walston, tandis que pendant la nuit…

— Mais si tu y suspends un fanal, répondit Doniphan, il attirera aussi bien son attention !

— Aussi n’y mettrai-je point de fanal.

— Alors à quoi servira-t-il ?… demanda Gordon.

— À permettre de voir si les gens du Severn sont encore sur l’île ! »

Et Briant, non sans quelque inquiétude que son projet ne fût accueilli par des hochements de tête peu encourageants, l’exposa en quelques mots.

Ses camarades ne songèrent point à rire. Ils n’en avaient aucune envie, et, sauf Gordon peut-être, qui se demandait si Briant parlait sérieusement, les autres parurent très disposés à lui donner leur approbation. En effet ! ces jeunes garçons avaient maintenant une telle habitude du danger, qu’une ascension nocturne, tentée dans ces con-