Page:Verne - Deux Ans de vacances, Hetzel, 1909.djvu/361

Cette page a été validée par deux contributeurs.
343
deux ans de vacances.

caoutchouc, qui servaient à recouvrir les claires-voies du schooner – toiles si imperméables que le vent ne pourrait filtrer à travers leur tissu. Quant à la corde, on emploierait une « ligne » longue d’au moins deux mille pieds, à torons très serrés, dont on faisait usage pour mettre le loch à la traîne et qui était capable de supporter une tension considérable.

Il va sans dire que l’appareil serait orné d’une queue magnifique, destinée à le maintenir en équilibre, lorsqu’il serait incliné sur la couche d’air. Il était si solidement construit qu’il eût pu, sans trop de danger, enlever n’importe lequel des jeunes colons dans les airs ! Mais il n’était point question de cela, et il suffisait qu’il fût assez solide pour résister à de fraîches brises, assez vaste pour atteindre une certaine hauteur, assez grand pour être aperçu dans un rayon de cinquante à soixante milles.

Il va de soi que ce cerf-volant ne devait pas être tenu à la main. Sous la poussée du vent, il aurait entraîné tout le personnel de la colonie, et plus vite qu’il ne l’eût voulu. Aussi la corde devait-elle être enroulée sur l’un des virevaux du schooner. Ce petit treuil horizontal fut donc apporté au milieu de Sport-terrace, et fortement fixé au sol, afin de résister à la traction du « Géant des airs » – nom que les petits admirent d’un commun accord.

Cette besogne ayant été achevée le 15 au soir, Briant remit au lendemain, dans l’après-midi, le lancement auquel assisteraient tous ses camarades.

Or, le lendemain, voilà qu’il fut impossible de procéder à l’expérience. Une tempête s’était déchaînée, et l’appareil eût été immédiatement mis en pièces, s’il avait donné prise au vent.

C’était cette même tempête qui avait assailli Doniphan et ses compagnons dans la partie septentrionale de l’île, en même temps qu’elle drossait la chaloupe et les naufragés américains contre les récifs du nord, auxquels on attribua plus tard le nom de Severn-shores (écueils du Severn).

Le surlendemain – 16 octobre – bien qu’une certaine accalmie