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deux ans de vacances.

Doniphan, Wilcox, Webb et Cross affectèrent de l’écouter sans rien dire, il n’en fut pas ainsi de Gordon qui lui demanda :

« Lorsque le Sloughi s’est échoué, Briant, n’était-il pas environ six heures du matin ?

— Oui, répondit Briant.

— Et combien de temps faut-il pour qu’il y ait basse mer ?

— Cinq heures, je crois. – N’est-ce pas, Moko ?

— Oui… de cinq à six heures, répondit le mousse.

— Ce serait alors vers onze heures, reprit Gordon, le moment le plus favorable pour tenter d’atteindre la côte ?…

— C’est ainsi que j’ai calculé, répliqua Briant.

— Eh bien, reprit Gordon, tenons-nous prêts pour ce moment, et prenons un peu de nourriture. Si nous sommes obligés de nous mettre à l’eau, au moins ne le ferons-nous que quelques heures après notre repas. »

Bon conseil qui devait naturellement venir de ce prudent garçon. On s’occupa donc du premier déjeuner, composé de conserves et de biscuit. Briant eut soin de surveiller particulièrement les petits. Jenkins, Iverson, Dole, Costar, avec cette insouciance naturelle à leur âge, commençaient à se rassurer, et ils eussent peut-être mangé sans aucune retenue, car ils n’avaient pour ainsi dire rien pris depuis vingt-quatre heures. Mais tout se passa bien, et quelques gouttes de brandy, adoucies d’un peu d’eau, fournirent une boisson réconfortante.

Cela fait, Briant revint vers l’avant du schooner, et là, accoudé sur les pavois, se remit à observer les récifs.

Avec quelle lenteur s’effectuait la décroissance de la mer ! Il était manifeste, pourtant, que son niveau baissait, puisque l’inclinaison du yacht s’accentuait. Moko, ayant jeté un plomb de sonde, reconnut qu’il restait encore au moins huit pieds d’eau sur le banc. Or, pouvait-on espérer que le jusant descendrait assez pour le laisser à sec ? Moko ne le pensait pas et crut devoir le dire à Briant en secret, afin de n’effrayer personne.