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excuses ou au moins des prétextes à sa rupture avec ses camarades de French-den. Tout bien considéré, d’ailleurs, c’était sur cette partie du Pacifique, à l’orient de l’île Chairman, que devaient plutôt paraître des navires à destination des ports du Sud-Amérique.

Après avoir observé l’horizon avec sa lunette, Doniphan voulut visiter l’embouchure de l’East-river. Ainsi que l’avait fait Briant, ses compagnons et lui constatèrent que la nature avait créé là un petit port, très abrité contre le vent et la houle. Si le schooner eût accosté l’île Chairman en cet endroit, il n’aurait pas été impossible de lui éviter l’échouage et de le garder intact pour le rapatriement des jeunes colons.

En arrière des roches formant le port, se massaient les premiers arbres de la forêt, qui se développait non seulement jusqu’au Family-lake, mais aussi vers le nord, où le regard ne rencontrait qu’un horizon de verdure. Quant aux excavations, creusées dans les masses granitiques du littoral, Briant n’avait point exagéré. Doniphan n’aurait que l’embarras du choix. Toutefois, il lui parut convenable de ne pas s’éloigner des rives de l’East-river, et il eut bientôt trouvé une « cheminée », tapissée d’un sable fin, avec coins et recoins, dans laquelle le confort ne serait pas moins assuré qu’à French-den. Cette caverne eût même pu suffire à toute la colonie, car elle comprenait une série de cavités annexes, dont on eût fait autant de chambres distinctes, au lieu de n’avoir à sa disposition que le hall et Store-room.

Cette journée fut employée à visiter la côte sur l’étendue d’un à deux milles. Entre temps, Doniphan et Cross tirèrent quelques tinamous, tandis que Wilcox et Webb tendaient une ligne de fond dans les eaux de l’East-river, à une centaine de pas au-dessus de l’embouchure. Une demi-douzaine de poissons furent pris, du genre de ceux qui remontaient le cours du rio Zealand – entre autres deux perches d’assez belle grosseur. Les coquillages fourmillaient aussi dans les innombrables trous des récifs qui, au nord-est, couvraient le port contre la houle du large. Les moules, les pa-