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deux ans de vacances.

je ne la laisserai faire par personne, quand il s’agira de l’intérêt de tous !

— Nous en avons autant souci que toi ! riposta Doniphan. Et maintenant que nous sommes à terre…

— Pas encore, malheureusement, répondit Gordon. Doniphan, ne t’entête pas, et attendons un moment favorable pour employer la yole ! »

Très à propos, Gordon venait de jouer le rôle de modérateur entre Doniphan et Briant – ce qui lui était arrivé plus d’une fois déjà – et ses camarades se rendirent à son observation.

La marée avait alors baissé de deux pieds. Existait-il un chenal entre les brisants ? c’est ce qu’il eût été très utile de reconnaître.

Briant, pensant qu’il pourrait mieux se rendre compte de la position des roches en les observant du mât de misaine, se dirigea vers l’avant du yacht, saisit les haubans de tribord, et, à la force des poignets, s’éleva jusqu’aux barres.

À travers le banc de récifs, se dessinait une passe, dont la direction était marquée par les pointes qui émergeaient de chaque côté et qu’il conviendrait de suivre, si l’on essayait de gagner la grève en s’embarquant dans la yole. Mais, à cette heure, il y avait encore trop de tourbillons et de remous à la surface des brisants pour que l’on pût s’en servir avec succès. Immanquablement, elle eût été lancée sur quelque pointe et s’y fût crevée en un instant. D’ailleurs, mieux valait attendre, pour le cas où le retrait de la mer laisserait un passage praticable.

Du haut des barres sur lesquelles il s’était achevalé, Briant se mit à prendre une plus exacte connaissance du littoral. Il promena sa lunette le long de la grève et jusqu’au pied de la falaise. La côte paraissait être absolument inhabitée entre les deux promontoires que séparait une distance de huit à neuf milles.

Après être resté une demi-heure en observation, Briant descendit et vint rendre compte à ses camarades de ce qu’il avait vu. Si