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deux ans de vacances.

« On dirait qu’il n’est pas seul ! » s’écria Baxter, qui ne put retenir un geste de surprise.

En effet, une observation plus attentive fit reconnaître que deux autres points se mouvaient en arrière de Jacques, à quelque cent pieds de lui.

« Qu’est-ce donc ?… demanda Gordon.

— Des hommes ?… répondit Baxter.

— Non !… On dirait des animaux !… dit Wilcox.

— Des fauves, peut-être !… » s’écria Doniphan.

Il ne se trompait pas, et, sans hésiter, le fusil à la main, il s’élança sur le lac au-devant de Jacques.

En quelques instants, Doniphan eut rejoint le jeune garçon et déchargé ses deux coups sur les fauves, qui rebroussèrent chemin et eurent bientôt disparu.

C’étaient deux ours, qu’on ne se fût guère attendu à voir figurer dans la faune chairmanienne ! Puisque ces redoutables bêtes rôdaient sur l’île, comment se faisait-il que les chasseurs n’en eussent jamais trouvé trace ? Fallait-il donc admettre qu’elles ne l’habitaient pas, mais que, pendant l’hiver, soit en s’aventurant à la surface de la mer congelée, soit en s’embarquant sur des glaçons flottants, ces ours se hasardaient jusque sur ces parages ? Et cela ne semblait-il pas indiquer qu’il y avait quelque continent dans le voisinage de l’île Chairman ?… Il y aurait lieu d’y réfléchir.

Quoi qu’il en fût, Jacques était sauvé, et, son frère le pressait dans ses bras.

Les félicitations, les embrassements, les poignées de main, ne manquèrent pas au brave enfant. Après avoir vainement « corné » afin de rappeler ses deux camarades, lui aussi, perdu au plus épais des brumes, se trouvait dans l’impossibilité de s’orienter, lorsque les premières détonations éclatèrent.

« Ce ne peut être que le canon de French-den ! » se dit-il, en cherchant à saisir d’où venait le son.

Il était alors à plusieurs milles de la rive dans le nord-est du lac.