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deux ans de vacances.

Quelques coups de canon furent encore tirés. Évidemment, si Jacques eût été rapproché de French-den, il les aurait entendus et n’eût pas manqué de signaler sa présence par des coups de cornet.

Mais, lorsque leurs derniers roulements se perdirent au loin, les détonations restèrent sans réponse.

Et déjà, la nuit commençant à se faire, l’obscurité ne tarderait pas à envelopper toute l’île.

Cependant une circonstance assez favorable vint à se produire alors. Le brouillard semblait avoir une tendance à se dissiper. La brise, qui s’était levée au couchant, comme cela arrivait presque chaque soir après les calmes du jour, repoussait les brumes du côté de l’est en dégageant la surface du Family-lake. Bientôt, la difficulté de retrouver French-den ne serait plus due qu’à l’obscurité de la nuit.

Dans ces conditions, il n’y avait plus qu’une chose à faire : allumer un grand feu sur la rive, afin qu’il pût servir de signal. Et déjà Wilcox, Baxter, Service, entassaient du bois sec au centre de Sport-terrace, lorsque Gordon les arrêta.

« Attendez ! » dit-il.

La lunette aux yeux, Gordon regardait attentivement dans la direction du nord-est.

« Il me semble que je vois un point… dit-il, un point qui se déplace… »

Briant avait saisi la lunette et regardait à son tour.

« Dieu soit loué !… C’est lui !… s’écria-t-il. C’est Jacques !… Je l’aperçois !… »

Et tous de pousser des cris à pleins poumons, comme s’ils eussent pu être entendus à une distance, qui ne devait pas être évaluée à moins d’un mille !

Toutefois, cette distance diminuait à vue d’œil. Jacques, les patins aux pieds, glissait avec la rapidité d’une flèche sur la croûte glacée du lac, en se rapprochant de French-den. Quelques minutes encore, et il serait arrivé.