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deux ans de vacances.

tion de French-den, cela ne pouvait être. En outre, ces décharges devaient se faire entendre sur toute la surface du Family-lake, car les brouillards sont très propres à la propagation lointaine des sons, et cette propriété s’accroît même avec leur densité.

Enfin, un peu avant cinq heures, deux ou trois coups de fusil, encore éloignés, furent assez distinctement perçus dans la direction du nord-est.

« Ce sont eux ! » s’écria Service.

Et aussitôt, Baxter de répondre par une dernière décharge au signal de Doniphan.

Quelques instants après, deux ombres se dessinèrent à travers les brumes, qui étaient moins épaisses près de la rive que sur le lac. Bientôt des hurrahs se joignirent aux hurrahs qui partaient de Sport-terrace.

C’étaient Doniphan et Cross.

Jacques n’était pas avec eux.

On imagine quelles mortelles angoisses dut éprouver Briant ! Son frère n’avait pu retrouver les deux chasseurs, qui n’avaient même pas entendu ses coups de cornet. À ce moment, en effet, Cross et Doniphan, cherchant à s’orienter, s’étaient déjà rabattus vers la partie méridionale du Family-lake, tandis que Jacques s’enfonçait dans l’est pour essayer de les rejoindre. Eux-mêmes, d’ailleurs, sans les détonations parties de French-den, ils n’eussent jamais pu retrouver leur route.

Briant, tout à la pensée de son frère égaré au milieu des brumes, ne songeait guère à adresser des reproches à Doniphan, dont la désobéissance risquait d’avoir des conséquences si graves. Que Jacques fût réduit à passer la nuit sur le lac par une température qui allait peut-être s’abaisser à quinze degrés au-dessous de zéro, comment résisterait-il à des froids si intenses !

« C’est moi qui aurais dû aller à sa place… moi ! » répétait Briant, à qui Gordon et Baxter essayaient en vain de donner un peu d’espoir.