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deux ans de vacances.

Dès ce jour-là, cependant, il fut visible que Doniphan et ses trois amis étaient résolus à ne point supporter cet état de choses, quoique Briant se fût promis de ne leur fournir aucune occasion de se porter à quelque excès.

Quant à Jacques, ce n’était pas sans une certaine surprise qu’il avait vu son frère accepter le résultat du scrutin.

« Tu veux donc ?… lui dit-il, sans achever une pensée que Briant compléta, en lui répondant à voix basse :

— Oui, je veux être à même de faire encore plus que nous n’avons fait jusqu’ici pour racheter ta faute !

— Merci, frère, répondit Jacques, et ne m’épargne pas ! »

Le lendemain recommença le cours de cette existence que les longs jours de l’hiver allaient rendre si monotone.

Et d’abord, avant que les grands froids eussent interdit toute excursion à Sloughi-bay, Briant prit une mesure qui ne laissait pas d’avoir son utilité.

On sait qu’un mât de signaux avait été dressé sur l’une des plus hautes crêtes d’Auckland-hill. Or, il ne restait guère que des lambeaux, du pavillon hissé en tête de ce mât, secoué qu’il avait été pendant quelques semaines par les vents du large. Il importait donc de le remplacer par un appareil capable de supporter même les bourrasques hivernales. Sur les conseils de Briant, Baxter fabriqua une sorte de ballon, tressé avec ces joncs flexibles dont les bords du marécage étaient hérissés, et qui pourrait résister, puisque le vent passerait à travers. Ce travail terminé, une dernière excursion fut faite à la baie, dans la journée du 17 juin, et, au pavillon du Royaume-Uni, Briant substitua ce nouveau signal, qui était visible dans un rayon de plusieurs milles.

Cependant le moment n’était plus éloigné où Briant et ses « administrés » allaient être casernés dans French-den. Le thermomètre baissait lentement, suivant une progression continue – ce qui indiquait qu’il y aurait persistance des grands froids.

Briant fit mettre la yole à terre, dans l’angle du contrefort. Là,